Boris Cyrulnik – transcendance et immanence

Transcription de la vidéo

Comment résumeriez-vous votre rapport à Dieu ?

Je ne suis pas croyant mais je distingue la spiritualité et la religion. La spiritualité fait partie de la condition humaine. Puisqu’on parle on est donc capable de se faire des représentations qui désignent des choses, des événements, des entités totalement impossibles à percevoir. On est capable de faire cette performance intellectuelle parce qu’on parle. ÇA c'est la spiritualité, qui appartient à la condition humaine. Il n’y a probablement pas de spiritualité chez les animaux, même s’il y a un début de vie psychique chez les animaux, puisqu’ils ont des représentations, des évolutions différentes, des représentations différentes, des apprentissages différents, mais ça m’étonnerait qu’ils aient accès à la spiritualité.

La religion est un phénomène culturel, qui nous permet de médiatiser la présence de Dieu par des objets, des cathédrales, des rituels, des chansons, etc. Quand j’étais praticien, il y a eu des tas de travaux populationnels, qui montrent qu’une population de malades qui croient en Dieu se soigne mieux et guérit mieux qu’une population de malades qui ne croit pas en Dieu et qui se soumettent plus à la maladie. Donc je pense que la spiritualité est inévitable, parce qu’on parle, que la religion est un facteur de protection. Mais, comme je l’ai proposé tout à l’heure, si la religion se transforme en communautarisme, en clan clôturé, il y aura une morale à l’intérieur des gens qui partagent la même croyance que moi, et il y aura une perversion envers les gens qui ne croient pas au même dieu que moi, les mécréants comme disaient les chrétiens, les mal croyants ou les fanatiques, islamistes ou Juifs ou n’importe quoi, ou scientifiques. Dès l’instant où on est fanatique on habite la croyance de son monde et on est content de la disparition des autres.

 

Entretien réalisé en septembre 2020

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