Marie-France Hirigoyen – éthique au quotidien

Transcription de la vidéo

Pensez-vous que l’éthique s’exprime au quotidien dans de tous petits actes ?

Je ne suis pas une théoricienne. Je crois que ce qui m’a influencée, sans doute, peut-être, c’est que quand j’étais étudiante en médecine, j’ai fait aussi de l’ethnologie. J’ai étudié l’ethnologie, l’ethnopsychiatrie en particulier et j’ai appris à observer. Observer sans trop émettre de jugement et de ma position de psy j’écoute les gens dans leur quotidien. En observant les petites choses, en observant attentivement on voit le moment où ça bascule. Et si on arrive à repérer ça, je pense qu’on peut éviter d’arriver à des choses dramatiques. En ce qui concerne la violence, j’ai toujours eu comme position qui était qu’il ne faut pas attendre qu’une femme soit battue, violée ou tuée pour intervenir, mais qu’il faut repérer le moment où on lui a manqué de respect, lui apprendre à dire : « Non ! Là, je ne suis pas d’accord », qu’elle apprenne, cette personne, à repérer la chose qui ne lui paraît pas acceptable.

Très souvent on ne s’en rend pas compte, c’est le phénomène d’emprise, on glisse progressivement jusqu’au jour où on est dans une situation absolument épouvantable et on dit : « Mais comment j’ai pu accepter ça ? » Et je crois que cette écoute fine des choses, cette écoute fine de son ressenti…  Au fond, ce qu’il faut c’est apprendre à avoir confiance dans son ressenti. Si le regard que porte sur moi tel autre me paraît malsain, par exemple, j’ai le droit de le sentir. Et ça peut être des petites choses, parce que finalement ce sont des choses qu’on a tous vécus, des situations où ça n’a pas l’air très grave mais on sent que ce n’est pas bien.

Entretien réalisé le 28 janvier 2011

 

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