Stéphane Diagana – caractères et vertus

Transcription de la vidéo

Parmi les traits de caractère que l’on peut qualifier d’éthiques, y en a-t-il certains qui ont influencé particulièrement votre carrière professionnelle et aussi votre regard sur le monde et la vie en général ?

De manière générale, et c’est pour ça qu’il y a [dans le nom de la fondation] « éthique et solidarité », mais le mot solidarité pour moi ça doit être un pilier de la nature humaine, c’est fondateur de la nature humaine. C’est un idéal. On est animal au départ, avec des mécanismes très individualistes qui ont présidé à la survie de l’espèce, donc ils sont là dans le cerveau reptilien, ils sont toujours présents, mais on doit les dompter et on doit mettre cette couche supérieure de solidarité, qu’ont les animaux aussi, mais on doit aller encore plus loin que ne peut le faire le monde animal. C’est la spécificité de l’humanité. Pour moi, s’il n’y a pas de solidarité il n’y a pas d’humanité. On reste au niveau naturel et c’est cette quête qui n’est pas simple, parce qu’on a toujours cette dualité entre l’ego pour soi et le rapport à l’autre. Il faut trouver un équilibre entre les deux, parce que cette force qui nous a permis de nous développer, de survivre, c’est cette même force qui nous amène le progrès, qui amène la réflexion, beaucoup de choses dans le développement et qui fait l’humanité, mais parfois aussi les limites que l’on connaît parce qu’on a du mal à se projeter sur tous ces progrès et leurs conséquences. C’est une partie de l’humanité, et l’autre partie c’est la solidarité. Parfois je suis gêné par les gens qui sont très pessimistes sur l’humanité, et je dis qu’il faut aussi regarder les progrès. Bien sûr, il y a des rechutes, mais il faut regarder tout le travail qui a été fait, toute l’avancée. Il ne faut pas regarder le verre à moitié vide mais aussi le verre à moitié plein, même s’il y a beaucoup de choses à faire en matière de solidarité. Certaines personnes disent : « Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien », mais à moi ça ne me parle pas. Quand je regarde la nature dans le Serengeti et que je vois un petit gnou qui est blessé et que toute la troupe se met autour du petit gnou pour le tuer, tout simplement parce qu’il met en danger tout le reste du troupeau qui est en transhumance, je me dis : « Oui, ça c’est la nature. Est-ce qu’on ferait ça, est-ce qu’on le ferait ? » Donc la nature n’est pas si belle que ça non plus, elle a mis en nous des réflexes de survie. Il faut essayer de trouver d’autres solutions que celles qui sont ancrées en nous et qui sont des solutions de la nature.

Donc par la solidarité, le rapport à l’autre, on fait des choses mieux que la nature, parfois, on fait moins bien malheureusement, parfois, parce qu’on n’y échappe pas non plus. Donc voilà. Ce sont ces dimensions-là qui sont pour moi assez structurantes dans ma réflexion, dans la vie et dans les choix que je peux faire.

Entretien réalisé le 28 janvier 2020

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