Serge Orru – éthique et connaissance de soi

Transcription de la vidéo

Vous disiez précédemment qu’un homme se juge sur ses actes. Montaigne lui, pensait que même les actes des personnes ne nous permettent pas d’avoir un jugement sûr. Partagez- vous ce point de vue ?

Les actes ne sont pas suffisants. Un jour quelqu’un m’a dit qu’il me promettait fidélité. J’ai dit : « La fidélité se juge sur une vie. » Il faut toute une vie pour juger un homme, il faut toute une vie parce que, d’abord, on est amendable ; on progresse aussi, on peut régresser, on peut stagner, mais faire preuve d’éthique ce n’est pas simplement être solidaire envers les autres, c’est aussi faire son propre bilan comptable de ses faits, de ses gestes et de ses pensées tous les jours ! Donc ça réduit sacrément l’égo, ce bilan quotidien, régulier.

Ce bilan quotidien, c’est donc une chose que vous pratiquez ?

Tous les jours quand je me rase.

Cela me conduit à vous demander si vous feriez un rapport entre la pratique de l’éthique et la connaissance de soi ?

Oui, parce qu’il y a forcément des décalages. On est formé. Si vous avez un problème de dos, avant d’aller voir l’ostéopathe, vous allez très souvent compenser en marchant autrement, en tournant l’épaule ou en ayant mal à la tête. Donc on compense. On passe sa vie à compenser, à tergiverser. Il y a soi, et puis il y a l’autre. Si on a la chance d’être en couple, c’est déjà une sacrée histoire, un couple ! S’il y a bien deux êtres différents, c’est bien l’homme et la femme. On a une manière d’être silencieux ou d’être volubile, et c’est parfois extrêmement difficile de traduire ce que veut dire l’autre. C’est pour cela que je crois que dans l’éthique, il y a aussi une part importante à la féminisation de notre masculin. Ce n’est pas que les femmes soient supérieures à nous ! Franchement, je crois qu’elles sont plus courageuses que nous, franchement je crois qu’elles bossent plus que nous.

Entretien réalisé le 5 février 2008

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