Guy Bedos – éthique et expériences vécues

Transcription de la vidéo

Pourriez-vous nous raconter une expérience de votre vie qui vous a mis face à un dilemme éthique, et comment vous l’avez résolu ?

Par exemple, dans ma vie de citoyen, d’acteur engagé comme on dit, j’ai eu à faire face à pas mal de tentatives de corruption. De toutes sortes. Il y avait un gars, un brave type d’ailleurs, qui avait un poste important, il était le lieutenant du président de l’Assemblée nationale. Je ne sais pas quel était son titre exact. À un moment je dis : « Je cherche un appartement. » « Vous cherchez un appartement ? Mais on en a nous, des appartements, pas chers.» J’ai tellement vu de gens, pour avoir fréquenté notamment les milieux politiques à un moment. Ce n’est pas un secret, j’étais assez proche de Mitterrand – c’est lui qui m’a dragué d’ailleurs. C’était un personnage au-delà de ce qui peut déplaire chez lui ; et il y a des choses qui me déplaisent, et certaines que j’ai apprises sur la fin d’ailleurs. Il était très séduisant et très joueur. Mais c’est incroyable ce que j’ai vu comme gens essayer d’obtenir des choses du président de la République, des courtisans, une espèce de Versailles rose. Et d’ailleurs il m’avait dit : « C’est étonnant, vous êtes le seul autour de moi à ne m’avoir jamais rien demandé ! » Eh bien, non !

Alors s’y mêle l’éthique ? Pour moi s’y mêle l’honneur. Une certaine forme d’orgueil. Ne pas faire certaines choses, voilà ! Une certaine notion du bien et du mal, qui ne passe pas fatalement par la croyance religieuse, mais par une vision, j’allais dire citoyenne et puis une vision personnelle. Une certaine relation à soi, encore une fois. C’est un capital magnifique de se dire : je n’ai pas fait ci, je n’ai pas fait ça, contrairement à des tas d’autres. Pour revenir à l’argent, je trouve qu’il y a de l’argent cher, de l’argent très cher, c’est vraiment le plat de lentilles d’Esaü. Voilà, je milite pour ça.

Entretien réalisé le 30 novembre 2007

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