Christian Charrière-Bournazel – droit et universalité

Transcription de la vidéo

Pensez-vous qu’une loi qui a un fondement éthique peut être universelle ?

Aucune loi n’est légitime qui méprise la personne humaine. Et que Dieu existe ou non, qu’on y croit ou qu’on n’y croit pas, ce qui est le plus proche de moi, c’est l’autre. Et à partir du moment où l’autre est considéré par moi comme sacré avec les droits qui sont les siens, comme je souhaite l’être pour les autres, une fraternité universelle peut se mettre en place.

Vous savez que ces droits de l’homme sont très contestés, notamment dans les pays du tiers-monde qui ont été colonisés et qui disent que c’est en fait une invention des puissances impérialistes. Lorsque j’ai procédé à la première rentrée de mon bâtonnat du Barreau de Paris, une cérémonie à laquelle sont invités des représentants de tous les avocats du monde, j’ai fait signer une « Convention des Avocats du monde » pour nous dire que nous étions d’un bout à l’autre de la terre des tribuns de la plèbe universelle et qu’à chaque fois qu’un droit était méconnu, qu’un avocat était menacé ou un journaliste, nous devions nous prêter main forte et y aller. À cette cérémonie assistaient les représentants de plus de cent barreaux. Il y avait là le président de l'American Bar Association, des avocats américains, le barreau indien – trois million d’avocats –, et il y avait une femme notamment, Madame Brahim, une Nigériane, qui est montée à la tribune à son tour avec son hidjab, et qui a dit : « Je monte à la tribune avec mon hidjab parce que je suis musulmane. Mais ce n’est pas parce que je suis musulmane que je ne me bats pas dans mon pays, au contraire, pour que les femmes ne soient plus mariées contre leur gré, pour qu’elles ne soient plus lapidées, pour que les enfants ne soient plus exploités. » Et elle a ajouté cette phrase que je n’oublierai jamais : « Car les droits de la personne humaine sont universels et je vais vous dire à quoi on peut le mesurer. Il n’y a pas une femme au monde qui trouve normal d’être mariée contre son gré, d’être lapidée, pas un enfant qui trouve normal d’être exploité ; et c’est à l’universalité de la souffrance humaine que se mesure l’universalité des droits de la personne humaine. » Magnifique !   

Entretien réalisé le 21 février 2011

 

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