André de Peretti – connaissance de soi

Transcription de la vidéo

La connaissance de soi est-elle utile pour le travail éthique et comment s’articulent-ils ?

Eh bien ! Je crois que nous avons la situation que, dans la réalité des choses, à certains moments donnés nous sommes soumis à des tentations. Des tentations, c’est-à-dire faire un certain nombre de choses contraires à notre éthique, contraires à notre spiritualité. Et là nous avons besoin de trouver des solutions qui nous permettent de préserver notre éthique ou de l’écorner le moins du monde, tant que ce soit possible. Et en captivité il y a pu avoir, pour certains d’entre nous, des tentations, mais il y avait une solidarité pour aider chacun à pouvoir rester dans ses valeurs d’éthique au mieux. Encore une fois les écorner à peine, et d’une manière qui soit brève, qui soit ensuite interrompue pour retrouver la sensation d’être soi-même.

En même temps, si vous voulez, ma conception théorique de la spiritualité, mais aussi du psychisme est que, tout en étant intéressé par Freud, je me suis distancié de lui sur certains points, et en particulier par la connaissance et l’amitié, la coopération avec mon ami Carl Rogers. Et donc dans le cadre rogérien, justement, Rogers ne découpe pas le moi à la façon donc du surmoi, du moi et de l’inconscient freudiens, mais il l’organise par rapport à trois concepts, qui est d’abord la congruence. Il faut que le moi puisse se reconnaître lui-même, puisse savoir, avec encore une fois ses valeurs, son éthique, son esthétique, son originalité et ses illustrations que la vie lui a permis d’intégrer.

Et puis par rapport à ça, il y a le fait qu’il est amené à des évolutions, à des… et notamment que sa mission c’est de rentrer en contact avec les autres, soit pour les communications normales de la vie courante, soit pour des fonctions administratives, thérapeutiques ou artistiques. Et dans ces conditions l’important c’est qu’il garde, dans la relation à l’autre, l’acceptation de se communiquer à l’autre, mais en devenant partiellement, en acceptant aussi l’autre un petit peu par rapport à soi. Donc il y a une congruence de lui-même, dans laquelle il doit rester un maximum lui-même, mais un maximum qui n’est pas catégorique, qui est qu’il faut qu’il entre en contact avec l’autre. Et l’entrée en contact avec l’autre en l’acceptant tel qu’il est, comme il est, comme il se présente dans l’instant, donc en acceptant l’instantanéité des choses, et pas du tout dans une vue de bousculer l’autre, d’obliger l’autre à une certaine vision, à certains mots, à certains gestes. Non, mais de voir l’autre en essayant de s’approcher au plus près de ce qu’il ressent dans ce qu’il vit dans la relation. Et donc empathie et une certaine compréhension de ce qu’ils peuvent vivre dans cette relation à trois. Donc l’équilibre entre la congruence, l’accueil inconditionnel de l’autre et la réalité de l’empathie, dans la compréhension de l’autre. Tout ça essaye de s’équilibrer et de se combiner dans quelque chose dans lequel donc ce ne sont pas simplement les réalités abstraites de l’inconscient, mais ce sont les capacités du moment qui sont mises en œuvre, qui sont utilisées, qui sont éclairées, ce qui n’empêche pas que, bien entendu, on puisse de temps en temps avoir référence aux concepts freudiens. Freud d’ailleurs avait eu une vision qui est à la base de mon livre sur le sens du sens, une vision dans laquelle il y a une quantification des phénomènes psychiques. Il en voyait une quantification. Mais il ne connaissait pas les théories de l’énergie à l’époque, ni les théories de l’information, qui se sont développées quarante ans plus tard, cinquante ans plus tard et qui l’auraient aidé à cette quantification.

Entretien réalisé le 3 février 2015

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