André de Peretti – caractères et vertus

Transcription de la vidéo

Quels sont vos traits de caractère éthiques ?

« Surfeur, farceur, mais séraphique ». Trois fois, SFR : « Surfeur, farceur, mais séraphique ». Donc je surfe, je glisse, je ne vais pas me heurter et je le disais toujours, - c’était une de mes dispositions d’ailleurs, par rapport à mes camarades en psycho-sociologie - : il ne s’agit pas de harceler les réalités sociétales et d’aller se cogner la tête parce qu’on veut montrer qu’elles ne sont pas bien. Non ! Je préfère chercher l’interstice, d’où ma théorie des interstices : il faut chercher des interstices par où on peut se glisser et donc faire fonctionner l’évolution des choses, au lieu de vouloir une évolution à grands coups de poing et grands coups de tête qui ne servent à rien. Et ça, ça m’était important, parce que je voyais beaucoup de mes camarades vouloir faire changer les institutions universitaires à grands coups de balai, alors que moi, personnellement, je cherchais justement ces petits interstices, donc j’ai toute une théorie des interstices. Et en même temps faisant remarquer que la souris est devenue quand même un appareil important pour la techno-science moderne. Par conséquent il était plus que jamais utile de la considérer et d’observer son mode de travail sérieux. Donc, comme vous le voyez, là alors je glisse?

L’humour. L’humour pour moi est effectivement une chose importante. Il était très fort chez mon père et souvent je me dis : « Tiens, il aurait rigolé, là, ou il aurait fait une plaisanterie ». L’humour. Et en même temps l’humour pour moi n’est pas de la plaisanterie. Alors c’est là où je me suis relié à tous mes amis juifs : l’humour est juif, l’humour est fondamental dans la pensée juive, et l’humour c’est la force en même temps que la délicatesse, combinés. C’est un court-circuit de réalités, de valeurs apparemment divergentes et qui sont cependant anastomosées, qui sont cependant mises ensemble, qui sont cependant composées, qui se soutiennent réciproquement l’une l’autre. Et donc j’ai à cet égard fait un ouvrage sur l’humour du Christ dans les Évangiles, dans lequel je montre et la pensée juive, et son application par le Christ, en faisant remarquer que le Christ en milieu juif ne pouvait pas faire autre chose que de faire ce qu’on faisait dans le monde juif, et je montrais justement, à l’époque où j’écrivais, que plusieurs ouvrages faits par de grands exégètes et théologiens juifs revendiquaient justement des mille ans d’humour juif, un des livres s’appellent à peu près comme ça. Et puis montrer également l’importance pour la réalité. Effectivement, la manière de supporter l’exil a été souvent une manière de plaisanter, alors que c’était de la tristesse qui était explicitée, c’était de la finesse, de la délicatesse, en même temps que de la force, en même temps que de l’imagerie, de la coloration agréable.

Et séraphique ? le Troisième versant ?

Oui, je me donne un petit côté comme ça. Je me trouve un petit peu gentil de temps en temps. Je ne veux pas me voir en négatif complet, par conséquent : « Surfeur, farceur, mais séraphique ». Les séraphins, j’aime beaucoup les séraphins. J’aimerais avoir la compagnie des anges volontiers, s’ils le consentent, je n’ai pas d’objection de mon côté.

Entretien réalisé le 3 février 2015

 

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