Stéphane Diagana – sport et santé

Transcription de la vidéo

Vous avez eu une carrière de sportif, vous êtes consultant pour France Télévision, … et vous allez voir des chercheurs à la Pitié-Salpêtrière. Pour quelle raison ?

Quand j’ai arrêté ma carrière d’athlète, j’ai été sollicité pour être un peu le porte-parole d’associations ou d’institutions qui faisaient la promotion de l’activité physique : la Fédération française de cardiologie, l’Association française des diabétiques, l’Association de patients fibromyalgiques. En effet, beaucoup d’études venues du monde entier ont mis très clairement en évidence l’intérêt de l’activité physique pour la prévention de ces maladies, mais aussi pour la prise en charge des patients, pour la limitation des symptômes et la stabilisation de ces maladies. Je me suis renseigné, j’ai lu, j’ai échangé avec des médecins et je me suis dit que c’était une opportunité formidable pour le sport de se mettre au service de ces problématiques qu’on appelle le sport-santé. De plus il y a une loi sport-santé depuis mars 2017, qui invite les médecins à prescrire du sport de manière détaillée ou une activité physique adaptée. Et ils travaillent donc sur des programmes qui permettent à des personnes qui ont des maladies chroniques, pour lesquelles l’activité physique est un pilier thérapeutique, de s’inscrire, grâce à ces programmes, dans une pratique durable d’activité physique sûre, adaptée, efficace et attractive.

Je rencontre des médecins dans différents domaines, sur le muscle à l’institut qui traite de la myologie, l’étude du muscle, à la fois pour la santé et pour la performance sportive. Aujourd’hui on sait que le muscle n’est pas qu’un effecteur qui reçoit une commande nerveuse : c’est aussi une glande endocrine qui, quand il travaille, relâche dans la circulation sanguine des centaines de molécules, les myokines, qui sont variées et qui vont avoir un rôle pour réguler des fonctions du cerveau, un rôle de santé, c’est-à-dire un vrai laboratoire qui produit des molécules. Quand on s’arrête de bouger, malheureusement on ne produit pas tout ça. Il y a plein d’autres problèmes qui se posent, donc on se rend compte qu’en effet, par le mouvement aussi, et quand on s’arrête de bouger ça pose des problèmes de santé pour ces raisons.

Effectivement je vais avoir des échanges, un prochains rendez-vous sur ces sujets pour mettre en place des projets de recherche. On se dit : « Quelle type d’activité physique va être le plus favorable à la neurogenèse, par exemple, qui se fait à l’âge adulte dans l’hippocampe et qui est très importante pour éviter les maladies neuro-dégénératives qui surviennent avec le vieillissement. Quel est le type d’activité physique qui va secréter les meilleures molécules qui vont y être favorables ? Pour le diabète c’est peut-être autre chose. On va avoir des entretiens très larges au départ et voir si on peut mettre un projet de recherche, comme je l’ai déjà fait avec des partenaires, avec la structure que j’ai créée. En effet, je travaille sur un projet de campus sport et santé pour accueillir des personnes qui sont passionnées de sport – amateurs pour la plupart -, que ce soit de triathlon, de course à pied, mais aussi des personnes qui ont envie de remettre de l’activité physique dans leur quotidien et qui parfois ont des maladies chroniques. L’idée ce n’est pas de dissocier, mais de transférer les compétences d’accompagnement du sport de haut niveau vers ces challenges plus sport-santé.

Cela me passionne et répond à mes aspirations, il y a du challenge, il y a de la recherche, de la science, et du rapport à l’autre aussi, donc tout va bien. On ne peut pas y échapper de toute façon : il faut remettre les gens en mouvement de manière adaptée, je ne dis pas au sport, mais au mouvement, et qu’ils reprennent plaisir à ça. Il y a des enjeux de santé publique, des enjeux individuels pour les patients, des enjeux économiques et de l’emploi. Cela peut-être une source d’emploi, une forme de service à la personne mais hautement qualifié, qui aura un impact très positif socialement.

Entretien réalisé le 28 janvier 2020

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