Pierre Mondy – sensibilisation à l’éthique

Transcription de la vidéo

Qu’est-ce qui vous a sensibilisé aux principes éthiques ?

Personnellement on en prend conscience relativement tard dans la vie, sauf que pour moi, en ce qui me concerne et à l’age que j’ai, ayant tout dans le rétroviseur, je peux pratiquement dire qu’en ce qui concerne l’éthique d’un comportement dans la vie, soit personnel, soi professionnel, moi je dois tout entièrement à mes parents. J’ai eu le bol formidable d’avoir des parents d’une largesse d’esprit énorme, aussi bien sur le plan de leurs relations personnelles. Et les gens qu’ils connaissaient en dehors de leurs amitiés professionnelles à l’époque vont dire c’était une famille très gaie, mais où la notion de ce qu’il ne fallait pas faire nous était implicitement inculquée

Comment vos parents vous ont-ils sensibilisé aux principes éthiques ?

Ils les ont fait passer par une formidable exemplarité de comportement personnel. Ils ont été d’une grande indulgence avec moi, qui étais, comme élève, comme beaucoup, bon en français, histoire, géo, anglais, nul en maths et en physique et chimie. Mon père – et Dieu sait s’il essayait de m’inculquer les principes de l’algèbre, je n’ai jamais strictement rien compris –, jamais je n’ai entendu : « Il faut que tu t’y mettes ! » Punir parce que j’avais des mauvaises notes ? Jamais, jamais. Mes parents ont toujours été complètement et entièrement derrière moi. Donc, je me suis toujours comporté assez librement, en ayant, disons, le quitus. J’étais jeune, j’avais vingt-cinq ans quand j’ai perdu mon père. Et je dis, les moyens financiers, tout ça c’est... Quand j’étais né, mon père avait dit à ma mère : « Ce petit sera ton bâton de vieillesse. » Ce qui s’est passé. J’ai été bien élevé, voilà, j’ai été bien élevé. Et je pense que ça m’a donné une ligne de conduite totale dans ma vie professionnelle.

Avez-vous souvenir d’événements familiaux qui vous ont marqué sur le plan éthique ?

Mes parents avaient – avant d’aller à Neuilly, quand ils étaient à Chaillot, avenue Marceau, à St-Pierre de Chaillot – pratiquement élevé un enfant de famille nombreuse, dont le père était chauffeur de taxi. Il y avait quatre enfants, quatre garçons, ils avaient eu Jean. C’était une sorte d’enfant, pas de fils, mais d’enfant qu’ils ont élevé jusqu’à ce qu’il quitte l’école. Et ce garçon, qui n’est plus là, a voué un amour à mes parents, une affection filiale, alors qu’il avait sa mère, son père et ses frères. Il se trouve qu’il est devenu homosexuel. Point barre. Après il a eu un ami, très bien. Mes parents l’ont toujours reçu. On savait. Mon frère était très blagueur, il déconnait à plein tube. Il n’y avait pas de problème, on savait qu’il y avait un couple homo à la maison, que mes parents, non seulement..., mais quand on descendait la nuit… Ils avaient une maison dans le Lot, ils s’arrêtaient, c’était un enfant. Ils écrivaient. La lettre, à la disparition de Maman, la lettre de Jean – il s’appelait Jean –, la lettre de Jean sur mes parents était un chef-d’œuvre d’amitié... Parce que c’est ça la largesse, c’est ne pas dire... Il y avait plein d’amis de mes parents qui n’avaient rien à voir avec le milieu dans lequel ils évoluaient, eux, mais c’était complètement la façon dont nous, nous vivions. Voilà !

Même au moment de la guerre... On pourrait parler, là, de choses qui sont importantes : le racisme, la xénophobie. On a eu chez nous un médecin israélite, qui est resté quatre mois comme ça, planqué à la maison, ou plus même un petit peu, et qui n’exerçait plus.

Moi perso, j’ai eu du bol.

Entretien réalisé le 30 janvier 2008

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