Pierre Mondy – éthique et société

Transcription de la vidéo

Pensez-vous que l’état d’esprit de la société actuelle favorise les comportements éthiques ?

Pour le moment, non. C’est Malraux qui a dit : « Ce siècle sera spirituel ou ne sera pas. » Il n’avait pas tort de dire ça, parce qu’effectivement, s’il ne l’est pas, c’est la catastrophe, parce que là on est dans un monde… dur à gérer. On nous dit : « Il faut vous y faire, à la mondialisation. » Mais qu’est-ce que c’est la mondialisation ? Dans le discours, bien entendu, c’est les valeurs morales qui prennent le pas. Mais en réalité, on parle de sociétés de profits et de gains. On le voit en ce moment, on est en plein dedans. Là, on a un véritable mal avec l’éthique. Qu’on gagne bien sa vie parce qu’on le mérite ou c’est dans la norme des choses, c’est tout. Mais qu’on publie les salaires de grands patrons, avec des gens qui rament comme il n’est pas permis, vous avez un problème d’éthique là, quand même, énorme. Je ne vais pas enfoncer les portes ouvertes, mais c’est vrai. Par rapport à l’éthique, le monde dans lequel nous vivons…, il faut avoir une vraie force morale – et je ne parle pas de moi, parce que moi ça y est, c’est vécu –, mais je parle des jeunes, des moins jeunes, pas seulement des gosses, des étudiants ou autres, mais même les gens, la quarantaine, ce n’est pas simple. Ce n’est pas simple, sûrement pas.

J’ai été d’une génération, celle qui est sortie de la guerre. Après avoir vécu quatre ans épouvantables, on a eu une forme de chance parce qu’on avait un tel appétit de vie, de liberté, qu’il n’y avait pas la notion de morosité. On n’en était pas arrivé à Mai 68, mais ceux qui ont suivi – je parle des années quarante ou cinquante – : il y avait une générosité, une gaieté, une gaieté en plus, générale, qu’il n’y a plus, ou moins.

Entretien réalisé le 30 janvier 2008

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