Gilbert Cotteau – transmission de l’éthique

Transcription de la vidéo

Pensez-vous que la pratique de l’éthique puisse s’enseigner?

Je ne pense pas possible, contrairement à ce qui avait traversé l’esprit de quelques amis et de moi il y a une dizaine d’années, je ne pense pas qu’on puisse élaborer et mettre en œuvre des programmes spécifiques d’éducation. Par contre, je pense qu’il devrait y avoir un moyen très simple, peut-être en utilisant surtout les technologies modernes. Je lisais par exemple qu’au Japon les jeunes sont branchés sur leur téléphone portable et lisent des romans, dont un chapitre c’est vingt minutes, c’est entre deux stations de métro. Ces romans peuvent être, et une écrivaine japonaise – qui est d’ailleurs moine bouddhiste, curieusement – l’a expérimenté : on peut raconter une histoire qui permette d’éveiller les jeunes – puisqu’il s’agit là d’une population qui a douze ans, treize ans, quinze ans, dix-sept ans – à travers des histoires intéressantes, voire même avec du suspens. On peut les éveiller à certaines valeurs, encore faut-il qu’on y réfléchisse et qu’on écrive.

Je pense que cette question est la plus importante de ce qu’on a évoqué, c’est-à-dire demain ce sont les jeunes qui vont fabriquer une forme d’humanité. Il manque, nous le savons tous, il manque à notre société la complexité de notre dimension humaine. Ça n’est pas en disant : « Voilà, il faut être très bon, il faut raisonner de manière cartésienne, faire des mathématiques ! » – je reprends l’exemple de Montesquieu.  Oui, il faut faire tout ça, mais éclairé, sous-tendu, c’est beaucoup plus important de dire, par toute la perception humaine, c'est-à-dire : « Qui est l’autre en face de moi ? »

Entretien réalisé le 30 novembre 2009

Les commentaires sont fermés.