François Goulard – éthique au féminin

Transcription de la vidéo

Pensez-vous que les femmes ont quelque chose de particulier à apporter à la société en matière d’éthique ?

J’ai tendance à penser que, sur ce plan-là, les femmes sont des hommes comme les autres. D’abord, c’est aussi ma philosophie, la femme et l’homme ont des différences qui n’échappent à personne, mais ont ceci de commun et qui est très supérieur à tout le reste, que ce sont des êtres humains dotés d’un sens de la responsabilité, gratifiés d’une liberté individuelle, et ça c’est fondamental et cela dépasse tout le reste. Donc quand on aborde des sujets comme l’éthique, qui ont très vite trait à l’essentiel et à ce qui a de plus profond, j’ai tendance à penser que l’homme et la femme, ça se confond dans l’être humain.

Maintenant, évidemment ce que je dis n’enlève pas les différences, y compris de comportement dans la vie en société et on peut l’illustrer. Prenons le conducteur ou la conductrice automobile. La conductrice automobile est très supérieure au conducteur automobile. C’est peut-être hormonal, je n’en sais rien, mais en tout cas l’homme se met plus facilement en colère. Il veut affirmer sa supériorité, ça doit être une vieille histoire, c’est dans les couches profondes de notre cerveau, et du coup le comportement d’un automobiliste homme est généralement plus idiot, plus agressif que celui d’une femme. C’est donc de l’éthique de tous les jours. Cependant là, la femme a une supériorité que je n’explique pas totalement sur un plan biologique, mais qui est à peu près incontestable, d’ailleurs les statistiques des compagnies d’assurance nous le disent. Donc supériorité éthique. Les femmes, en tout cas traditionnellement, ont toujours été plus proches de l’enfance et de l’éducation. Je ne dis pas que c’est bien que les hommes s’en désintéressent, je pense exactement le contraire, mais c’est vrai que rares sont les femmes – je dis bien « rares », ça ne veut pas dire que ça n’existe pas – qui ne sentent pas profondément la responsabilité parentale vis-à-vis de l’enfant. Il y a quelque chose de très fortement vécu, alors qu’il y a des hommes qui s’en déchargent très vite, pas tous heureusement. Là, probablement encore en termes, non pas de principes mais en termes statistiques, la femme me paraît avoir une certaine supériorité morale sur l’homme. Et encore une fois, il y a des femmes qui sont de mauvaises mères et des hommes qui sont de très bons pères. Donc ce n’est pas une réponse de principe, c’est un aperçu de la société telle qu’elle est.

Pour rejoindre un peu les mêmes choses, je pense à une phrase de Malraux dans les Antimémoires, si je ne m’abuse : il fait dire à des papillons, des éphémères qui observent l’humanité et pour qui la seule part raisonnable de l’humanité ce sont les femmes, parce qu’elles ne se battent pas. Il y a là probablement quelque chose d’important : les femmes ne se battent pas, ou en tout cas ne se battent pas comme les hommes, ou se battent moins que les hommes, et ça c’est une vraie supériorité.

Voilà ma réponse. Elle est évidemment comme toutes les autres, pas définitive.

Entretien réalisé le 15 novembre 2007

 

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