Jean-Claude Guillebaud – sensibilisation à l’éthique

Transcription de la vidéo

Qu’est-ce qui vous a sensibilisé à ces questions d’éthique ?

Je suis devenu éditeur, au Seuil, après avoir renoncé à faire du journalisme, en 82, après avoir démissionné du journal Le Monde. Je suis devenu notamment l’éditeur de beaucoup d’auteurs de sciences humaines. Je me suis lié d’amitié avec quelqu’un qui n’était pas du tout chrétien, qui était Cornélius Castoriadis. Il était un grand psychanalyste et un grand philosophe aussi. Et Castoriadis avait une phrase que je n’ai jamais oubliée. Il disait : « Une société montre son degré de civilisation dans sa capacité de se fixer des limites. » Et ça c’était, pour lui qui avait été un chantre de Mai 68 – il avait adhéré au mouvement et tout –, c’était tout d’un coup une mise en garde.

Le rejet de toute limite, le rejet de toute éthique ouvrent directement sur la barbarie. Pour dire les choses de manière aussi claire et aussi simple.

Cette capacité à se fixer des limites, vous la trouvez aussi valable au niveau de l’individu ?

Mais bien sûr, mais bien sûr. La pensée grecque est très familière avec cette idée de limite et Platon notamment, le platonisme, c’est aussi l’idée qu’il faut... « Il faut gouverner ses désirs, disait Platon, comme un monarque gouverne ses sujets, et ne pas être gouverné par eux. » C’est bien la définition de l’éthique, voyez ce que je veux dire, chez Platon.

Entretien réalisé le 6 mars 2008

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