Claudie Haigneré – éthique et science

Transcription de la vidéo

Vous menez, je crois, une réflexion sur l’intelligence ambiante… Quel lien avec l’éthique ?

Alors il y a un sujet qui me paraît effectivement, dans ce XXIe siècle, un sujet encore trop peu connu, mis en lumière, mais qui interpelle chacun d’entre nous : c’est ce qu’on appelle l’intelligence ambiante. C’est-à-dire des formes d’intelligence par les nanotechnologies, la microélectronique, qui fait qu’on a tous un portable, un GPS, qu’on fait des commandes sur internet et que donc on a des logiciels, de la microélectronique qui permet de savoir à chaque instant à la limite ce que vous pensez, ce que vous dites, qui sont vos contacts, où vous êtes. Donc, un ensemble d’informations, que vous souhaitez donner d’ailleurs, parce que ça vous donne de la sécurité. Mais cette intelligence ambiante, on ne sait pas trop d’où elle vient, où elle est et comment elle va évoluer. Elle est insidieuse et tout ce qui est insidieux nous rend vulnérables. Donc cet aspect de la vulnérabilité dans notre intimité, dans notre privacy, comme on dit en anglais, toutes ces données sur notre vie privée, qu’on souhaite ou qu’on ne souhaite pas extérioriser, dans un environnement qui doit essayer de respecter la liberté de chacun, avec une quantité d’informations nécessaires à une économie, à des enjeux sociétaux et à de la sécurité bien évidemment dans le monde d’aujourd’hui. Et c’est cet aspect d’insidiosité du phénomène : on ne sait pas où on en est, jusqu’où ça peut aller, donc personne ne le perçoit complètement ; un petit peu l’acte du diable, quelque part, et qui est… On ne perçoit pas du risque, mais on se sent vulnérable. Il y a une différence entre la perception du risque – on peut à la limite assumer, on peut border les choses –, et puis cette vulnérabilité un petit peu insidieuse et rampante.

Je crois qu’il faut qu’on y travaille, qu’on y réfléchisse, et que ça fasse partie d’un accompagnement des développements des technologies, sinon, ce déficit de confiance, ce doute qu’on peut avoir va s’instiller encore davantage. Donc oui pour une intelligence magnifiée, assistée – on est dans cette technologie qui le permet aujourd’hui –, mais en en ayant conscience, et quand il le faut, en prenant les décisions ou en prenant les cadres de codes nécessaires pour certains éléments de réglementation, qui permettront de se sentir bien dans cet équilibre à respecter entre liberté, sécurité et vie privée.

Entretien réalisé le 9 octobre 2008

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