Claudie Haigneré – définition de l’éthique

Transcription de la vidéo

Comment définiriez-vous l’éthique ?

Alors c’est une définition très personnelle parce que j’essaie de vivre d’une façon que je pourrais qualifier la plus éthique possible, un peu la plus vertueuse possible, si je peux le dire comme ça. Et ça s’adresse en fait dans un comportement que je souhaite avoir vis-à-vis d’autrui à titre individuel et à titre collectif. Alors à titre individuel, probablement parce qu’étant médecin par exemple, très naturellement on se pose la question de : comment on respecte l’autre, comment dans ses décisions on le garde digne dans sa personne, donc cette éthique et cette morale de l’action vis-à-vis d’un patient par exemple. Bon, il y a un code chez les médecins, qui est le code de déontologie, il y a un serment, le serment d’Hippocrate qu’on fait dans l’entrée de son exercice, et c’était pour moi quelque chose de très important. Ça c’est un petit peu ma première perception de l’éthique dans la relation du respect à autrui.

Et puis une deuxième perception qui m’est venue, peut-être un peu plus tard du fait de ma fonction d’astronaute et d’avoir été à distance de la terre et d’avoir un regard sur la terre, c’était de prendre conscience de sa responsabilité individuelle vis-à-vis du collectif et vis-à-vis des générations à venir, et pas seulement du respect de l’individu dans l’instant, celui qui est auprès de vous, autour de vous, donc cette éthique plus vers une responsabilité d’un ensemble de personnes et d’une génération à venir qu’il faut protéger dans son environnement. Donc ça c’est un deuxième aspect qui me paraît très important.

Comment, personnellement, essayez-vous de passer de la connaissance de ces codes, de ce qu’ils expriment, à la réalité de l’action éthique ?

Oui, c’est vrai qu’il y a deux façons de considérer l’éthique, qui ne sont pas contradictoires. Il y a celle qui est, je dirais, de responsabilité. C’est celle, dans le milieu professionnel, on est médecin, il y a un code à appliquer. J’ai été ministre de la Recherche, c’est vrai que j’avais une responsabilité vis-à-vis de décisions qui pouvaient être prises dans tel ou tel domaine. Une éthique de responsabilité, on pourrait dire, mais je pense qu’elle ne peut pas se réaliser pleinement si elle n’est pas aussi conviction. Conviction, adhésion du cœur, de la pensée sur la façon de conduire sa vie. Donc je ne les oppose pas, mais je pense qu’on ne peut pas être pleinement dans une éthique de responsabilité si on n’a pas la conviction que c’est la bonne pratique, la bonne…, comme disaient les uns : l’éthique de la pensée, et puis la morale de l’action.

Entretien réalisé le 9 octobre 2008

Les commentaires sont fermés.