Xavier Emmanuelli – définition

Transcription de la vidéo

Quelle définition donneriez-vous de l’éthique ?

C’est la politesse de la morale. C’est les bonnes manières, en somme. Je ne comprends pas très bien « éthique ». Je sais - et j’ai fait tout un long chemin pour le comprendre - que vous avez une attitude aux confins de la métaphysique, qui est la morale, et la morale est l’universel. Il n’y a pas une éthique professionnelle, une éthique de ci, une éthique de ça. Il y a profondément les racines de notre liberté de choix et, en fait, de comportement, qui est difficile à saisir, en effet. C’est au-delà du bien et du mal, c’est comment vous, personnellement, à la lumière de l’expérience, comment vous vous situez. Et l’éthique, je ne vois pas très bien jusqu’où on peut aller. Elle est fugitive, si j’ose dire.

On peut y mettre plein de choses. Ma femme est protestante. Elle vous dira : « Ce qui est juste ». Ce qui est juste par rapport à quoi ? Par rapport à la société ? Je ne pense pas comme ça. Je dirais que chaque fois que vous risquez, personnellement  – pas votre âme puisqu’on ne va pas parler de ça -, chaque fois que vous risquez votre propre définition de la justice, de l’équité, de la générosité, du souci de l’autre, à chaque fois c’est à ça que vous faites allusion. Et c’est à ça, personnellement… Vous voyez, c’est très flou, il y a des racines partout, parce que personne ne me pose jamais la question. Mais puisque vous m’y obligez, je vous répondrai ça : pour moi c’est un vaste ensemble. Un jour j’ai eu la chance, le privilège d’assister à une conférence du cardinal Lustiger. Il disait : « C’est un étrange combat qu’il y a en chaque homme, une guerre de tranchées, jamais gagnée, jamais perdue, jamais totalement gagnée, jamais… entre ce qui est bien et ce qui est mal, et c’est à vous de vous situer. » Alors des fois il y a des assauts des uns, enfin des forces, des assauts du mal, du bien ; on est toujours dans le no man’s land. Voilà pour moi. Et c’est compliqué.

Entretien réalisé le 17 février 2016

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