Miguel Angel Estrella – éthique et persévérance

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Éthique et persévérance

Il y a aussi les problèmes avec la bureaucratie de l’UNESCO qui est parfois une machine à empêcher. Je suis écouté, mais il me faut ramer beaucoup pour être écouté, dans la mesure où le dossier en cours le mérite, comme l’Orchestre pour la Paix par exemple. Et je n’arrive pas encore, même si l’Orchestre pour la Paix est né au sein de l’UNESCO, parce qu’en fait j’ai commencé à travailler ce dossier en 88, du temps de la première intifada. J’avais fait un voyage très fort, au Moyen Orient, une tournée de concerts où j’avais vécu des choses énormes, énormes. Alors, c’était en 88, au mois de mai, et je rentrais de cette tournée au Moyen-Orient avec une idée fixe : orchestre pour la paix, orchestre pour la paix. Dans l’avion, je n’ai fait que penser à ça. Mais j’ai ramé sans succès pendant dix ans.

Dans tous les colloques internationaux auxquels je participais, je lançais le projet de l’orchestre pour la paix et c’est seulement en 98, où les Nations Unies avaient décidé que dans la première décennie des années 2000, vu la violence sur la planète, il fallait consacrer dix ans à une culture de paix. Federico Mayor m’a dit : « Bon, je vais faire une préface qui s’appellera Musique et Paix, parce que la musique est l’art le meilleur pour alimenter cette idée de la paix. » Donc il a organisé une rencontre entre une trentaine de musiciens du monde entier et il m’a demandé de donner le la à cet orchestre. Je lui ai dit : « Non, surtout pas. Tous ces gens ont signé pour ma libération, je ne suis pas un donneur de leçons. Je vais être un parmi les autres. »  Et, dans ces deux journées de travail, en 98, c’était en février, l’anniversaire de Martha… À ma très grande surprise ces musiciens, qui faisaient partie de l’establishment, ont voté à l’unanimité huit programmes de Musique Espérance comme des programmes clés pour la paix. Mais ils avaient sorti l’Orchestre pour la Paix et la formation d’artistes sociaux comme des programmes phares pour les années 2000. Et c’est à ce moment-là que les portes ont commencé à s’entrouvrir.

Bon, je vais te dire : la constance et la détermination, d’abord, comme je disais tout à l’heure mais l’acharnement: quand quelque chose est juste et bon, il faut se plier en quatre pour y arriver.

Entretien réalisé le 14 juin 2008

 

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