Isabelle Giordano – éthique et notoriété

Transcription de la vidéo

Comment gérez-vous votre notoriété d’un point de vue éthique ?

Pour moi la notoriété a toujours été un des éléments de mon métier. Pas un élément-phare et j’ai tout de suite appris à faire la différence entre Isabelle Giordano connue et Isabelle Giordano que je suis. Je sais très bien qui je suis et j’ai la chance d’être assez bien dans mes baskets : je fais une différence entre celle que vous voyez à la télévision ou sur les affiches de publicité. C’est à force justement d’interviewer des acteurs qui ont eu du mal à gérer leur célébrité que j’ai bien appris à avoir cette distance. Donc la notoriété n’est intéressante que si l’on s’en sert pour une cause, pour défendre des causes qu’on peut juger utiles, humanitaires ou je ne sais quoi d’autre. Sinon elle n’a pas tellement d’intérêt dans la vie courante. Et la notoriété que j’ai, en tout cas l’image publique que j’ai, ne me renvoie pas une image de moi-même, parce que je sais très bien qui je suis, vers où je vais, ce que je souhaite dans ma vie et ce que je ne souhaite pas. C’est très différent de l’image publique qui est renvoyée.

Avez-vous subi la jalousie dans votre métier et si oui, comment l’avez-vous gérée ?

Bien sûr, très souvent. Oui, c’est un milieu où l’on fait beaucoup de jaloux: quand on est exposé, quand on est célèbre, quand on semble – parce que tout n’est qu'apparence –, mais quand il semble qu’on ait beaucoup d’avantages et de privilèges, même s’il y a une forme de réalité. Je me sens privilégiée bien sûr. Bien sûr que ça créé des jalousies.

Je me suis toujours tenue à l’écart des personnes toxiques, mais sinon c’est très agréable d’aller au combat. Moi je suis une combattante, j’adore les arts martiaux, je les pratique depuis longtemps. Donc j’aime aussi aller directement là où ça fait mal, et là où on vient m’attaquer, j’attaque. En tout bien tout honneur, comme dans l’éthique du karatéka : on respecte, mais on frappe.

Être journaliste quand on est une femme est plus difficile que quand on est un homme. Donc il faut prouver. La seule manière de faire pour lutter contre les jalousies, les racontars, etc., comme vous dites, c’est qu’il faut juste prouver deux fois plus, travailler deux fois plus et faire si possible mieux son métier que les hommes. Cela dit, dans mon métier, et même encore récemment, j’ai été moins bien traitée que certains hommes, moins bien payée que certains hommes, et il faut donc mettre les bouchées doubles et tout le temps, tout le temps devoir prouver. Mais quand on est une femme, je crois qu’on a l’habitude.

Entretien réalisé le 30 septembre 2008

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