Ghaleb Bencheikh – définition de l’éthique

Transcription de la vidéo

Qu'est-ce que l'éthique pour vous ?

C’est une volonté personnelle, pour chaque être, de se conformer à un système de référence qui lui permette de vivre en harmonie avec ses semblables et, pourquoi pas, au-delà, avec l’ensemble de la création. C’est ainsi que je perçois personnellement l’éthique, mais c’est une définition qui reste mutante et révisable. Elle pourrait aussi se confondre avec (pardonnez l’anglicisme) la golden rule, la fameuse règle d’or qui, en dehors de tout cadre religieux, peut s’appliquer à quiconque, quelle que soit la version qu’on lui donne : « Ne fais pas à autrui ce que tu n’aime pas qu’on te fasse !» ou « désire pour autrui ce que tu désires pour toi-même ! », ou encore « il vaut mieux partager avec les autres ce qui nous réjouit nous-mêmes. » 

Qu’est ce qui peut motiver quelqu’un à mettre en pratique cette règle d’or ?

Ça reste un idéal vers lequel nous tendons asymptotiquement. Je ne suis pas sûr que dès ici-bas, pour le commun des mortels, elle puisse être appliquée véritablement.  

Au mieux, elle est présente dans l’esprit d’une manière constante et récurrente ; on ne voudrait pas la trahir. En tout cas lorsqu’il y a des manquements, il faut bien qu’il y ait une sorte de vigie intérieure et spirituelle, pourquoi pas, pour rappeler qu’il y a eu tel ou tel manquement, telle ou telle défaillance par rapport à son application.

Alors qu’est-ce qui motive pour qu’elle puisse être réellement présente et appliquée ? Il y a ce qui relève de l’inexplicable et de l’inexpliqué, tout simplement, et il y a ce qui relève du sentiment qui consume l’être humain – que d’aucuns appellent le sentiment d’amour, de compassion, de sympathie, au sens fort et étymologique du terme –, de partager un pathos commun et synchrone, mais aussi de considérer ça comme le  dénominateur commun du mieux-vivre ensemble.

Du coup, la mise en pratique de cette fameuse règle et le fait d’avancer vers cet idéal, ou d’aller vers cet horizon devient plus une approche expérientielle qu’un ensemble de règles à mettre en pratique. C’est intériorisé et c’est vécu personnellement.  

Je pense que lorsqu’on met de côté les questions relevant du rite, de la pratique cultuelle, de la morale avec toute la connotation de celui qui rétribue ou qui sermonne en punissant la conformité ou le manquement par rapport aux règles morales, une éthique fondée sur la règle d’or, dans un cadre laïc, permet de consolider une société humaine au sein de laquelle il y a une osmose, une symbiose et une interpénétration entre les référents religieux et les référents aconfessionnels.

Entretien réalisé le 5 décembre 2008

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