Ghaleb Bencheikh – sensibilisation à l’éthique

Transcription de la vidéo

Qu’est-ce qui vous a sensibilisé à ces questions de l’éthique ?

Je ne suis pas un éthicien, loin  de là. Ma formation première universitaire est celle d’un apprenti scientifique : je suis physicien, loin d’être nobélisable (il faut du temps et de la recherche). Il est vrai que j’ai dédoublé cette formation par une approche à la fois d’épistémologie et de philosophie. Mais il semble aussi que le contexte familial a dû jouer un peu, si ce n’est beaucoup. Mon père fut recteur de la grande mosquée de Paris et dès ma tendre enfance nous avions à débattre, à parler et à vivre toutes ces questions.

Pour le reste, sincèrement je n’ai pas une explication objective, mais en disant tout à l’heure qu’il y a une part qui relève de l’inexpliqué, de l’inexplicable ou du mystère, je le vis personnellement. Simplement, je ne suis pas sûr qu’il faille se contenter ou se complaire en étant soi-même dans une approche plus ou moins  conforme à une éthique donnée. Ça se vit. L’homme a ses faiblesses d’homme, ses contingences d’homme. Sa grandeur c’est de vouloir les dépasser, mais sa condition humaine le rive le plus souvent aux basses eaux de sa condition humaine. L’homme est peccamineux, faillible, oublieux, arrogant, suffisant, cupide, d’un ego démesurément  hypertrophié. Le fait d’en prendre conscience sans en être infatué – parce que le piège qu’il faut savoir aussi débusquer, c’est de se dire : « Bon, moi, par rapport à d’autres, je me suis rendu compte... » et là c’est une prétention terrible.

Donc avec toutes ces contradictions, le fameux dragon intérieur qu’il faut savoir terrasser…, je me demande comment on peut s’imaginer un instant pouvoir y arriver, parce que c’est une véritable Hydre de Lerne, en réalité. Du coup, il faut  simplement, d’une manière itérative, récurrente, mener ce travail, cet effort majeur, salvateur, cet effort sur soi où l’on jugule ses passions, où l’on régule ses désirs, où l’on maîtrise ses frustrations, et on les gère. Et c’est le propre de l’homme.  

Entretien réalisé le 5 décembre 2008

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