Serge Orru – définition de l’éthique

Serge Orru – définition de l’éthique

Quelle définition donneriez-vous de l’éthique ?

L’éthique c‘est le partage de l’infini. L’éthique c’est peut-être faire son chemin avec les autres, c’est se découvrir avec les autres. Je disais le partage de l’infini : c’est partager notre univers, c’est partager notre cosmos, c’est partager notre planète, c’est partager nos richesses, c’est partager notre pauvreté, c’est partager notre quête. C’est uniquement pour le business que l’on parle fréquemment d’éthique, et on parle beaucoup moins d’éthique pour la recherche de ce que nous sommes.

Ce que nous sommes, ce n’est pas fondamementalement ce que je suis. Ce que nous sommes, c’est l’héritage des 80 miliards d’individus qui nous ont précédés. Et nous ne faisons que passer dans une vie extrêmement fulgurante. Or, lorsque l’on met les hommes et les femmes en avant, cela veut dire que quelque soit notre religion, quelque soit notre formation, quelque soit notre ethnie, nous sommes le Tout. Donc, il est très important pour l’éthique de respecter la biodiversité, ce qui nous fait vivre, ce qui semble être gratuit parce que ce n’est pas comptabilisé dans l’économie moderne, le capital Nature, le patrimoine naturel, que j’appellerais le Vital. Il faut donc impérativement respecter cette biodiversité, et respecter, avec la même force, la diversité humaine, la diversité culturelle.

Voilà. Pour moi, l’éthique c’est cela. A partir du moment où l’on respecte la biodiversité, la diversité humaine et culturelle, je crois que l’on est sur un bon chemin, on va construire avec nos différences. Théodore Monod disait cette phrase sublime : « Pour s’unir, il faut se savoir différents. » Nous sommes différents.

Vous avez dit : « Nous sommes de passage. » On pourrait se dire : « Eh bien, profitons en ! », dans le sens consumériste, égoïste. Alors qu’est-ce qui justifie l’éthique finalement, fondamentalement ?

L’utilité de sa vie : suis-je utile à mes enfants ? Suis-je utile envers ma famille ? Suis-je utile dans mon univers professionnel, suis-je utile dans mon quartier, suis-je utile avec ceux qui souffrent ? Je pense que l’éthique c’est d’être du côté de ceux qui souffrent. C’est les défendre, quels qu’ils soient. S’il y avait cette solidarité propagée, je pense que nous nous porterions mieux. Il est temps d’agir.

Entretien réalisé le 5 février 2008