Christian Boiron – éthique et bonheur

Transcription de la vidéo

L’éthique, pour vous, est-elle très liée au bonheur ?

Pour moi cette notion d’éthique est en connexion avec cette notion d’authenticité, qui elle-même est en connexion avec la notion de bonheur – sur laquelle j’ai particulièrement travaillé et qui m’a fait écrire un bouquin il n’y a pas très longtemps –, qui est en fait liée à la même chose. C'est-à-dire que le bonheur c’est l’authenticité. C'est-à-dire que le bonheur étant défini par moi, physiologiquement, comme un état effectif d’épanouissement profond, cet épanouissement profond est lié à l’expression de sa personnalité. L’expression de sa personnalité profonde est liée à son authenticité, c'est-à-dire au courage d’être soi-même. Je crois que l’éthique, comme le bonheur, nécessite beaucoup de courage. Là-dessus, on fait beaucoup d’erreurs : on pense que le bonheur, c’est bonne heure, bonne fortune, cela vient du fait que « j’ai gagné au tiercé », ou que « j’ai la chance d’être né avec une cuillère en argent dans la bouche », ou que « j’ai la chance d’être né dans un pays riche » ou etc.

Non, le bonheur est différent du plaisir et c’est cela ma thèse scientifique. Effectivement, il y a un plaisir physique, il y a un plaisir psychique. Le plaisir physique, c’est celui de manger quand on a faim, d’être caressé quand on en a besoin, aux âges où on en a besoin, etc. Le plaisir psychique, c’est celui d’être considéré, d’avoir de la notoriété, de la gloire, etc. Et le bonheur, c’est tout à fait autre chose : cela concerne une autre partie du cerveau qui est la partie proprement humaine. Les deux premiers plaisirs, plaisir physique, plaisir psychique, sont des parties qui sont partagées avec un certain nombre d’autres animaux. La partie bonheur, la partie transcendantale de ces gratifications, de ces plaisirs humains, c’est le propre de l’homme.

Aujourd’hui on vit un moment extraordinaire puisqu’on est à un moment de l’évolution de l’humanité où on commence à comprendre, où on va commencer à comprendre – et c’est cela ma thèse – comment fonctionne le bonheur. Alors que jusqu’à présent on avait cru que le bonheur et le plaisir étaient en continuation, en continuité et que le bonheur était simplement une continuation un peu plus intense de la notion de plaisir. Rien à voir. Deux cerveaux totalement différents. On peut être très heureux et avoir un plaisir nul, être très malade. On peut être très heureux et être en train de mourir. On peut avoir au contraire un plaisir fantastique, être le plus adulé des stars, avoir une richesse folle et se suicider. Tout le monde le sait, il suffit de se le rappeler de temps en temps. Donc, cela n’a rien à voir, ce sont deux cerveaux complètement différents. Mais plus je suis heureux et plus je vais optimiser mon physique, c'est-à-dire que je serai moins malade si je suis malade, je mourrai peut être un peu moins rapidement si je suis en train de mourir, etc. Mais l’inverse n’est pas vrai.

Entretien réalisé le 11 décembre 2007

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