Juan-David Nasio – maîtrise de soi

Transcription de la vidéo

Quand on sent la montée d’une pulsion de colère, de jalousie, etc., qu’est-ce qui peut   permettre de se ressaisir ?

Relativiser. Relativiser veut dire trois choses : relativiser dans le temps, relativiser dans le partiel et relativiser, je dirais… C’est deux choses relativiser, en réalité : c’est le temps et l’espace.

En d’autres termes, quand il arrive ça, il faut se dire : « Je ne le fais pas maintenant, je le ferai demain. » Il faut se tromper comme ça. C’est-à-dire qu’il y a un lendemain, c’est très important si j’ai envie de faire quelque chose. Par exemple je pense à des jeunes-filles qui ont la boulimie, qui souffrent de boulimie. Parfois elles me demandent : « Docteur, qu’est-ce que je fais lorsque j’ai envie d’ouvrir le frigo et de faire une fringale de tous les aliments qu’il y a dans le frigo ? Qu’est-ce que je fais pour m’arrêter ? » Je lui dis : « Alors, tu le fais demain. Tu te promets que tu le feras demain matin. Attention, tu le fais demain matin, hein ? » Et c’est une manière de relativiser. C’est-à-dire que le lendemain  matin elle sera une autre. Ce n’est pas sûr qu’elle le fera, mais en tout cas c’est une façon de relativiser. Un.

Deux, il faut relativiser la relation du tout à la partie. Ça veut dire que si on fait ça, il faut savoir que ce n’est pas tout, parce qu’on a le sentiment chaque fois qu’on a un acte comme celui que vous décrivez, que tout se joue là, que tout se décide là. C’est faux, tout ne se décide pas là. La vie est faite de mille petites interventions et de mille petites décisions. Donc ce n’est pas là. Et la troisième chose, c’est que rien n’est absolu et tout est relatif. C’est à peu près la même chose tous les trois.

Quel serait votre message aux jeunes qui ont des pulsions de violence ?

Eh bien alors, je vais m’adresser à eux puisqu’ils sont là. Je voudrais vous dire que… d’abord, parole et langage, je vais dire : « Parlez ! » simplement : « Parlez ! » Vous avez vu l’exemple que j’avais donné du cas de cette jeune-fille qui ne voulait pas parler. Je ne dis pas que la parole c’est la solution à tout, mais la parole permet d’avoir quelqu’un avec qui partager ce dont nous souffrons, et ça c’est un trésor de possibilité de communiquer avec l’être humain. Je voudrais vous dire que c’est difficile, je le sais très bien, c’est très difficile de dire des choses intimes. C’est très difficile de partager avec un autre des choses intimes. Je vous propose de faire l’effort et de faire ce risque. Courez ce risque ! Prenez le risque de parler avec quelqu’un, avec un interlocuteur qui soit de votre confiance, qui soit votre copain, peu importe ! Si possible un copain aîné : il faut toujours quelqu’un qui ait un peu plus d’expérience que nous. Si ce n’est pas un copain aîné, bien sûr avec un tiers en dehors de la famille, un oncle, ou bien un ami de la famille, un professeur, un professeur sportif. Il y a toujours des gens qui sont prêts à écouter. Et sinon, bien sûr, le mieux c’est le père, ou la mère ou le frère aîné. Mais prenez ce risque ! Je vous assure, vous serez gagnant. Pourquoi gagnant ? Parce que votre poids, votre mal être, sera soulagé.

Entretien réalisé le 8 mai 2011

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