Sam Braun – transmission de l’éthique

Transcription de la vidéo

Peut-on enseigner l’éthique ?

Qu’est-ce que l’éthique ? C’est ma façon de me comporter en espérant qu’on me regarde, parlant de la relation entre le père et le fils. J’avais lu ça quelque part un jour, d’un philosophe qui disait, à qui on avait dit : « Mais enfin, t’as rien dit à tes enfants, tu ne les as pas élevés, comment tu as fait pour qu’ils soient enfin « respectables » ? Il a répondu ceci, il a dit : « Je me suis comporté selon mon éthique, en espérant qu’ils me regardent.» C’est très joli n’est-ce pas ? Je crois que c’est très beau.

Je dis aux enfants : « Aimez votre vie profondément et vous aimerez celle de l’autre ! » Je crois qu’on peut acquérir, on doit acquérir, on doit trouver ce côté introuvable comme cela, ces choses introuvables et difficiles à percevoir. On doit les trouver en l’autre dans la mesure où, aimant sa propre vie et non pas égoïstement bien évidemment, aimant sa propre vie, on perçoit de l’autre tout ce qui permet la relation.

Chacun ne peut entrevoir l’homme pour ma part que s’il sait développer en lui, en lui-même déjà, ce côté lumineux. Je ne sais qui avait dit que « On naît n-a-î-t un homme, mais on devient un être humain ». Devenir un être humain lorsqu’on est né homme, c’est toute la marche de la vie, et comment on fait ? Eh bien ce n’est pas compliqué. Un jour, un gosse – pardon de vous dire toujours mes gosses de référence mais c’est toujours, je suis avec eux tout le temps. Un jour, un enfant m’a dit : « Mais, qu’est-ce que c’est monsieur la vie ? » Je ne sais pas quel âge il avait ce petit, il avait treize-quatorze ans peut-être. J’ai dit : « Tu sais la vie, ce n’est pas compliqué. La vie, tu nais un beau jour et on te donne deux choses : un papier et un crayon. Dans la colonne de gauche, tu mettras toutes les actions dont tu es fier ou dont tu peux te glorifier. Et de l’autre côté, tu mettras toutes celles dont tu peux pâlir, parce que tu en auras comme ça aussi, parce que tu te comporteras aussi parfois de façon pas tout à fait bien. Alors tu as tout ça et puis la vie, eh bien c’est le jour où tu rendras ton crayon, ou plutôt le jour où tu signeras ta feuille, le jour où tu partiras. Arrange-toi pour qu’il y en ait un peu plus à gauche qu’à droite. » Et on répond je crois ainsi à la définition de ce brave Gandhi, du moins je crois.

Comment éveiller la dimension lumineuse qu’il y a en chaque homme ?

Vous savez, développer le côté lumineux des êtres humains, c’est leur donner cette conscience du collectif, vraiment une conscience du collectif. Pas au sens où je vais les diriger. Je hais le pouvoir pour ma part ; si je devais haïr quelque chose c’est sûrement le pouvoir et le pognon, mais ça sûrement alors! Ce n’est pas du tout ça que je veux dire, bien sûr. Avoir la conscience de l’autre, avoir la conscience de la collectivité, c’est avoir la conscience de soi puisqu’on est dans celle collectivité-là. Avoir conscience du social qui nous entoure et dans lequel nous sommes intimement liés, c’est avoir conscience de soi aussi au sein de ce social. Et donc je crois que donner à l’autre, par une éducation, certes, car je crois aux vertus de l’éducation, c’est lui donner l’éveil de l’autre.

Et puis, c’est lui faire prendre conscience surtout de faire en permanence l’analyse de soi. Oh, pas égoïstement, pas nombriliquement si on peut dire ! Non, bien sûr que non ! Analyser sa façon avec laquelle on a parlé à certains, analyser la façon avec laquelle on se comporte vis-à-vis de l'autre, je crois que ça c’est essentiel, c’est bassement essentiel. C’est de façon primaire essentiel.

Entretien réalisé le 14 mars 2011

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