Nicole Ameline – caractères et vertus éthiques

Transcription de la vidéo

Quels sont les caractères éthiques qui ont été les plus importants dans votre vie ?

Je dirais trois mots : le courage, la responsabilité et l’humilité. Le courage parce que… D’abord le courage est toujours payant en politique. Sur le long terme, même quand on n’a pas raison tout à fait tout de suite, je crois que la population, comme l’ensemble des élus,  notent quand même que s’affirmer sur une démarche éthique, ça appelle le respect, même si encore une fois elle n’est pas forcément suivie. La responsabilité, parce que l’esprit de responsabilité c’est ce qui motive totalement notre mandat. Agir, c’est être responsable et c’est assumer, et c’est le faire, là aussi, en prenant en considération l’ensemble des paramètres, qu’ils soient économiques, qu’ils soient politiques et qu’ils soient naturellement éthiques. C’est savoir faire une synthèse intelligente et la plus efficace possible de ces principes. Et puis l’humilité, parce que c’est un combat de très longue haleine. Même si on fait vraiment un gros effort pour être au meilleur niveau de ses choix référentiels et de l’éthique en général, il faut reconnaître que… Ce n’est pas l’impuissance, mais lorsqu’on voit – je prends un exemple aujourd’hui – monter certains populismes, personnellement, je suis à la fois plus combative que jamais et en même temps très humble.

Comment, selon vous, est-il possible de concilier l’exigence d’humilité avec la nécessité de se faire élire ?

Vous me faites penser à Sacha Guitry, qui disait : « Il faut dire beaucoup de bien de soi, parce qu’un jour ou l’autre ça revient. » Non, c’est en réalité le savant dosage entre la détermination absolue et la volonté absolue d’être élu qui compte, mais aussi la capacité d’être à l’écoute et de savoir respecter celui ou celle à qui vous allez devoir votre vie d’élu. Et c’est ce contrat, finalement c’est un contrat. Je pourrais presque dire que c’est aussi un acte d’amour, parce qu’il y a beaucoup d’amour dans tout cela. Rien ne s’obtient par la force, ni par la légitimité pure : il faut créer ce besoin réciproque et c’est ça qui est absolument merveilleux.

Moi qui suis cavalière je confonds toujours un petit peu cette épreuve sportive qu’est le saut d’obstacle avec une élection, parce que lorsqu’on s’approche d’un obstacle, on dit à son cheval : « Il faut que tu m’aides, vraiment j’ai besoin de toi », et à un moment c’est lui qui vous emporte. Cet espèce d’élan magnifique, où il y a encore une fois beaucoup d’amour, c’est quelque chose qui peut faire penser à un état de grâce. Mais ça s’obtient parce qu’on a besoin de l’autre et que l’autre vous donne, le moment venu, sa voix, mais aussi son soutien.

L’éthique par rapport aux adversaires politiques, c’est quoi ?

C’est très simple pour moi : c’est le respect des personnes et le combat des idées, et cette ligne est absolument pour moi intangible, ce qui a fait que j’ai en général le respect de mes adversaires. Cela n’arrive pas souvent malheureusement dans les arènes politiques et c’est très regrettable. J’ai entendu notamment quelques critiques sur des candidats, etc., et dès que ce sont des critiques personnelles c’est absolument inacceptable. Nous sommes effectivement des politiques, donc moi je sais me battre et quand on se bat en politique c’est pour gagner. Donc je sais comment faire une campagne, je sais comment me défendre, je sais aussi comment m’imposer, mais je le fais toujours, encore une fois, sans jamais agresser un adversaire. Je crois avoir suffisamment de moyens de gagner sans avoir ce type de recours qui me paraît vraiment d’ailleurs être le dernier recours pour un certain nombre de personnes. C’est vraiment quand on n’a plus rien à dire qu’on attaque la personnalité. Moi je crois qu’il y a des règles du jeu en politique, comme il y a des règles en tout, et qu’il faut savoir se les fixer et les respecter.

Entretien réalisé le 14 mars 2011

 

 

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