Nicole Ameline – éthique et droits de l’homme

Transcription de la vidéo

Vous faites une relation assez directe entre « droits de l’homme » et « éthique »…

Oui. Le respect, le respect notamment de la dignité humaine, les considérations qui touchent, je dirais à la vision que l’on a de l’autre, pour moi sont tout à fait exemplaires, parce que c’est ce que nous vivons dans les dossiers que nous avons à suivre ici à l’Assemblée Nationale. Il n’y a pas un dossier qui ne fasse pas appel en réalité à des principes fondamentaux, qu’on retrouve dans la loi, dans la Constitution, mais qu’on retrouve aussi, je dirais, dans une autre sphère de références.

On entend parfois dire que les droits de l’homme sont des droits de l’homme occidental,  qu’il cherche à imposer universellement. Qu’en pensez-vous ?

C’est un vrai débat, c’est un grand débat. Personnellement je crois qu’il y a une universalité des droits de l’homme fondamentaux. Je respecte infiniment les cultures, les traditions,  mais je crois qu’il y a ce qu’encore une fois on peut qualifier d’irréductible humain, qui est une notion fabuleuse, qui est vraiment l’idée de dire : il y a un noyau dur de droits qui intéresse l’humanité. Ces droits c’est le refus du trafic d’êtres humains, par exemple, qui est aujourd’hui me semble-t-il une des déviances les plus inacceptables de notre société mondiale et qui se développe d’ailleurs d’une manière tout à fait exponentielle, malheureusement. Et je pense que cet irréductible humain c’est un patrimoine de l’humanité qui doit absolument être préservé. C’est ce qui a fait d’une certaine façon le combat aussi des femmes, c’est à dire le fait de se retrouver sur un système de valeurs partagé par tous. Le refus de la violence, qui est une forme d’esclavage… Donc toutes ces données se retrouvent, je crois, dans une forme de loi fondamentale, basique, et qui est à la fois la plus élevée. Et personnellement je dois dire que je fonde beaucoup mes réflexions sur cette vision, parce qu'accepter le relativisme ce serait accepter que les traditions et les cultures l’emportent d’une certaine façon sur cette référence aux droits fondamentaux. Et là, ça légitimerait – je le vis tous les jours – toutes les exactions ou toutes les atteintes, de près ou de loin, à l’intégrité humaine ou a la dignité humaine, ce qui est tout à fait fondamental et qui est au cœur, me semble-t-il, de l’éthique.

Il y a de grands esprits, comme Régis Debré, qui contestent totalement cette idée que les droits de l’homme puissent être porteurs de cette vision universelle. Il me semble que c’est la démarche qui compte, aujourd’hui. Quels seront ces droits ? Quelles seront ces valeurs ? D’ailleurs tout cela va évoluer aussi avec le monde dans lequel nous vivons, mais ce qui est important c’est d’avoir cette démarche. Au fond l’éthique c’est une démarche, c’est une conscience et cela reste un idéal aussi. Et je pense que la vraie noblesse de chaque parcours c’est d’en faire un principe actif, je dirais presque un gène organisateur du monde, je le souhaite, mais en tous cas un principe actif de sa propre vie et de ce qu’on peut apporter modestement aux autres.

Entretien réalisé le 14 mars 2011

 

 

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