Miguel Angel Estrella – éthique et rapport à la mort

Transcription de la vidéo

Toute cette attention portée à l’éthique au quotidien a-t-elle changé quelque chose dans votre rapport à la mort ?

Moi, je n’ai pas peur de la mort. La souffrance que j’ai vécue avec la mort de Martha, rien ne ressemble à ça. Beaucoup de gens pensent que la torture, l’enlèvement, enfin toutes ces pourritures que nous sommes des dizaines de milliers de Sud-Américains à avoir vécues, peuvent être considérées comme le pire moment de ma vie. Pas du tout. Il n’y a rien qui ressemble à cette perte. Rien, absolument rien.

Et il y a cet autre rapport avec l’au-delà, qui est très fort aussi, qui fait partie non pas de mon jardin secret, parce que je parle beaucoup de ça à ma famille, à mes amis aussi, à Colette. Enfin, ils savent tout ça en détail. Par exemple, quand Colette est tombée malade, dans mes « conversations » – entre guillemets –  avec El Flaco, je lui avais dit : « Ça fait trente-trois jours, mon Père, c’est ton âge. Fais quelque chose pour Colette! » Et c’est le premier jour où elle a pu faire quelques pas. Et quand elle a pu marcher, elle a fait trente-trois pas. Va le croire !

Tout ça pour moi c’est des signes. Et je vis beaucoup avec ces signes...

Cet examen de conscience quotidien, de voir ce qui a bien marché, ce que j’ai bien fait, là où je me suis trompé, demander l’opinion de mon entourage vivant et de mon entourage spirituel, mon jardin secret  – ce n’est pas secret, non –, de mes morts les plus chers, me fait sentir toujours qu’il y aura des retrouvailles.

Entretien réalisé le 14 juin 2008

 

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