Juan-David Nasio – motivation à l’éthique

Transcription de la vidéo

Comment peut-on motiver un jeune à s’engager dans une vie éthique ?  

Alors deux choses, deux conseils : c’est, premièrement, ne pas l’humilier. C'est très important, parce que nous, adultes, nous avons tendance à lui faire peur avec l’échec. On lui dit : « Si tu ne fais pas ça, fais gaffe ! Tu vas rater ! » Il ne faut pas dire ça. Parce que lui ce qu’il entend c’est : « Il me dit que je rate. » Donc ne jamais annoncer l’échec, ne jamais humilier, respecter le jeune. Mais aussi, attention, ne jamais démissionner de notre rôle d’interdicteur, ne jamais démissionner de notre rôle d’encadreur! Ce n’est pas parce que je ne l’humilie pas que je dois le laisser faire ce qu’il veut, non ! Attention ! Il a besoin fondamentalement de quelqu’un qui le cadre, comme il a besoin de quelqu’un qui le respecte. Il faut les deux. Je dis ça, c’est idéal.

Mais pour faire ça, il faut que je  sois bien avec moi, messieurs les parents ! Il faut que je sois clair avec mon rôle de père ou mon rôle de mère. Si je suis mal comme père, si je suis devant mon fils et que j’ai un problème avec ma femme et que je suis en train de me séparer d’elle, évidemment je ne pourrai pas parler correctement. Si je parle avec lui et j’ai une haine à l’égard de mon père, je ne pourrai pas parler bien avec lui. Si je parle avec lui et que j’ai un problème avec quelqu’un, ma mère, etc… Il faut que je sois bien, relativement. Je ne demande pas la perfection, mais il faut que vous soyez relativement bien dans votre rôle de père. Si vous vous sentez bien dans votre rôle, si vous vous assumez, si vous vous glissez bien dans la peau de ce père, vous parlerez bien. Ça c’est le secret. Je vous donne un secret spécial pour notre interview pour la Fondation Ostad Elahi. C’est un secret spécial, je ne le donne pas facilement. Spécial ! Il faut être bien avec soi pour dire les mots qu’il faut pour qu’un jeune se retrouve lui-même. C’est-à-dire pour qu’un jeune s’aime lui-même. Ce qu’il faut chercher, ce n’est pas qu’un jeune soit le meilleur de sa classe ; ce qu’il faut chercher, ce n’est pas qu’un jeune soit fort et sache se défendre ; ce qu’il faut chercher, c’est qu’un jeune soit content avec lui, c’est tout.

Ainsi, pour pouvoir éduquer les enfants, il faut d’abord faire un travail sur soi ?

Tout à fait. Alors attention, je ne dis pas que pour être bien avec soi-même il faut faire une analyse. Ce n’est pas nécessaire. Il y a des parents qui sont formidables, ils n’ont pas fait d’analyse. Mais je dis simplement qu’il faut être bien, relativement bien avec soi-même. Je ne peux pas demander que ça soit impeccable, mais bien avec soi-même.

Entretien réalisé le 8 mai 2011

 

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