Juan-David Nasio – connaissance de soi

Transcription de la vidéo

Vous avez parlé d’apprendre à aimer ses défauts. Par quel processus identifier ses défauts ?

Je crois que le processus pour identifier ses défauts, c’est lorsqu’il y a des situations d’échec, des situations d’impuissance. C’est-à-dire qu’on me demande quelque chose auquel je ne peux pas répondre ou je ne sais pas répondre. Et à ce moment-là, je sens que... Ou bien des erreurs que j’ai pu commettre, en disant un mot que je n’aurais pas dû dire, je le regrette...

Remarquez que j’enseigne toujours à mes élèves qu’il faut savoir se taire et que ce n’est pas le silence... Parce que dans notre milieu nous avons la caricature du psychanalyste silencieux. Et je dis : faire silence parce qu’on ne sait pas quoi dire, c’est facile. Si on fait silence parce qu’on ne comprend rien, c’est la meilleure chose à faire. Taisez-vous ! La chose difficile, c’est lorsqu’on a à dire, lorsqu’on a envie de dire, lorsqu’on a compris et qu’on voudrait dire et qu’on se tait parce que ce n’est pas opportun.

Par contre, il arrive que je peux dire quelque chose qui ne vient pas, qui n’est pas opportun à ce moment-là. Je le regrette après coup et je me dis : « J’ai mal fait. » Et c’est là que je vois mon défaut. Je crois qu’un bon professionnel est celui qui apprend à se dissocier : c’est-à-dire celui qui est professionnel pour son patient, chaleureux, et celui qui est dans sa vie personnelle avec ses rêves, avec ses idées, ses interprétations. Il faut bien dissocier les deux. Parfois cette dissociation n’est par parfaite et c’est là où je reconnais mes défauts, je reconnais mes carences, ou bien quand on me demande de faire quelque chose où je sens bien que je n’y arrive pas. Dans ces moments là aussi je reconnais mes défauts. Et après je me dis qu’il faut faire la part des choses et que je suis bon pour certaines choses et pas bon pour d’autres.

Entretien réalisé le 8 mai 2011

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