Jean-Claude Casadesus – sensibilisation à l’éthique

Transcription de la vidéo

Qu’est-ce qui vous a sensibilisé à l’éthique ?

Je pense qu’on est toujours dépositaire d’une éducation. Je dois beaucoup à mes parents, les notions d’exigence et d’amour ont été beaucoup développées dans mon enfance. Mon père était très croyant, très dur, très sévère avec moi, mais en même temps habité par une foi mystique qu’il traduisait par une appartenance aux "Petits frères des pauvres", par exemple. Armand Marquiset, que j’ai très bien connu, en était le fondateur et sa devise m’a souvent beaucoup interpellé, comme on dit : « Des fleurs avant du pain, le beau avant l’utile. » Et je crois que la personne la plus démunie a droit à la qualité la plus haute avant l’utile. Si vous emmaillotez un nourrisson, que vous lui donnez tout ce qu’il faut, le biberon, que vous le changez, le couchez, mais ne l’embrassez pas, vous risquez d’en faire un autiste. Donc je pense qu’il y a une part d’humanité à ne jamais oublier, qui moi m’a été donnée par mes parents, je crois, et que j’ai essayé moi-même de transmettre à mes enfants et aussi aux environnements avec lesquels je travaillais. Ça n’a pas été calculé, c’est une chose intuitive l’éthique, mais aussi on a la chance parfois d’avoir été guidé dans des comportements qui vous donnent en tout cas une certaine « notion du bien et du mal », entre guillemets. C’est la première nécessité pour l’appréciation de certaines valeurs et de certains comportements.

Mais la musique est un formidable maître pour ça ! C’est un mentor incroyable ! La musique ne vous pardonne rien, vous donne tout ce que vous lui apportez. C’est la maîtresse la plus exigeante que je connaisse, mais elle ne vous trahit jamais non plus. Mon grand-père était lui-même musicien et compositeur, un altiste de grand talent, il jouait de la viole d’amour ; c’est beau, j’ai été bercé par la viole d’amour dans mon enfance. Il disait : « Quelles que soient les vicissitudes de l’existence, la musique ne te trahira jamais et tu peux te réfugier dans ses bras, mais il faut la respecter et lui donner tout ce à quoi elle a droit. » Donc l’éthique inconsciente vient peut-être aussi de cette notion de protection, de respect, et en même temps d’exigence que donne le nécessaire chemin vers l’accomplissement d’un désir élevé.

Vous avez parlé de la foi de votre père …

Mon père était extraordinairement pratiquant et très catholique, ma mère est protestante. Je ne suis pas religieux du tout, mais j’espère que Dieu existe, et en tout cas je crois à la notion des comportements du bien et du mal et à la notion d’amour.

Entretien réalisé le17 mars 2008

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