Jean-Claude Casadesus – éthique et connaissance de soi

Transcription de la vidéo

Feriez-vous un lien entre votre perception de l’éthique et le « Connais-toi toi-même » socratique ?

Oh ! oui, je ne me le suis pas posé sur le plan grec du terme, mais je pense que oui, sûrement oui. C’est un formidable moyen et d’avaler des couleuvres, et de progresser que de diriger des gens. Diriger, c’est servir, avant de commander. Il faut être capable soi-même d’obéir. Et mon métier a été certainement très puissamment riche dans mon développement, mon accomplissement, je dirais le domptage de ma nature un petit peu fantasque, impulsive. Diriger des chefs-d’œuvre, les diriger et le transmettre à des musiciens qui sont malheureux et qui ont pour certains d’entre eux eu droit aux plus grandes expériences avec les plus grands maîtres, c’est aussi une interrogation permanente sur sa propre capacité. Et le seul moyen – est-ce que ça aussi c’est une éthique personnelle ? –, le seul moyen d’évoluer c’est de se dire : « Je ne serai arrivé qu’au cimetière. » Un artiste qui cesse de douter cesse de progresser. Il ne faut pas que le doute soit un frein non plus dans le développement de la création, de la créativité.

Mais c’est vrai que c’est un moyen de se connaître soi-même que de trouver le moyen de transmettre une pensée, de transmettre une exigence, sans donner le sentiment qu’on impose tel un démiurge une volonté autocratique. Je crois que dans toute démarche de commandement il y a l’obligation de démontrer à ceux que l’on doit diriger la nécessité du propos. Ça passe par une introspection et un certain nombre de flagellations intérieures.

Entretien réalisé le 17 mars 2008

Les commentaires sont fermés.