François Goulard – éthique religieuse, éthique laïque

Transcription de la vidéo

Est-ce que vous feriez une différence entre une vie éthique menée dans le cadre d’une religion quelle qu’elle soit et une vie éthique menée dans le cadre d’une vie laïque ?

Ça n’est pas facile de séparer les deux, parce qu’on n’est pas catholique d’un côté et laïque de l’autre. C’est la question qui est posée par Camus. Je suis un lecteur passionné d’Albert Camus, qui n’est pas croyant, et qui met en exergue une morale exigeante ! J’allais faire un peu la même réponse qu’en ce qui concerne le conseiller en éthique.

La religion, ça peut être un guide qu’on suit aveuglément : la religion m’interdit de faire cela, me permet de faire cela. Si je me conforme aux règles, aux normes de ma religion, c’est plutôt mieux en général, mais je ne le vis pas vraiment en moi-même. C’est plus fort en étant ou en n’étant pas croyant, en pensant qu’il y a des règles religieuses à suivre ou à ne pas suivre si on n’est pas croyant. C’est plus fort de se les approprier, d’en faire en même temps, – et ce n’est pas séparable – des règles personnelles, parce que c’est quelque chose de vraiment vécu ; et d’ailleurs ça évite toutes les dérives qu’on connaît dans toutes les religions. C’est à dire : je respecte en apparence la règle et, en réalité, je m’en affranchis par un effort d’astuce qui est assez courant. On appelle ça la casuistique pour la religion catholique. Voilà ma réponse ; c’est à dire que ça n’est pas séparable pour ceux qui sont croyants, parce qu’à tous moments, on retrouve ses convictions religieuses, mais ce n’est pas si simple que ça, y compris quand on a une religion. Je pense que celui qui ne croit pas, en réalité est placé à peu près dans la même situation, parce que nous sommes des femmes et des hommes faits à peu près de la même manière, quelles que soient nos origines, notre éducation, nos religions, et je pense qu’au fond, au-delà de nos différences culturelles, on doit avoir quelque chose quelque part qui nous amène à nous poser ce problème moral, ces problèmes éthiques, que les animaux apparemment ne se posent pas.

Entretien réalisé le 15 novembre 2007

 

 

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