François Goulard – définition de l’éthique

Transcription de la vidéo

Pourriez-vous nous dire ce qu’est l’éthique pour vous, quelle définition vous en donneriez ?

Vous savez, je ne suis pas philosophe. Pour moi c’est l’ensemble des règles de comportement qu’un individu s’applique à lui-même pour respecter la morale. Voilà comment je l’entends. Donc je rapprocherais les mots « comportement » et « morale » pour définir ce que j’entends personnellement par éthique.

Qu’est-ce qui vous a rendu sensible à l’importance de l’éthique ?

J’ai été confronté à ça, je dirais, dans ma vie, quand je me suis retrouvé dans des situations où, en définitive, l’éthique n’était pas tout à fait convenable et où j’en ai été malheureux. Je me suis aperçu qu’il y a des choses qu’on ne pouvait pas faire, même si autour de soi les gens le faisaient. Je vais être plus clair que je ne le suis : j’ai commencé à faire de la politique très jeune, mais pas de manière très active, et puis de manière plus active quand j’avais disons vingt-huit ou trente ans, et un peu plus tard. C’était une époque où le financement des partis politiques n’était pas assuré comme aujourd’hui par la puissance publique et où il y avait des financements plus ou moins occultes. Et j’ai vu à cette occasion des choses qui ne seraient plus acceptées aujourd’hui, du moins je l’espère et qui, avec le recul, et je dis bien avec le recul – parce que sur le moment je me suis dit : « C’est comme ça, bon » –, avec le recul je me suis dit que c’était extrêmement dangereux, qu’on mettait en cause finalement des principes fondamentaux et qu’on n’avait pas le droit de le faire. Donc c’est l’expérience personnelle, le contact avec quelque chose qui, sur le plan éthique, n’était pas correct, qui m’a amené à mieux définir mes règles personnelles et à voir finalement ce qui avait de l’importance pour moi et ce qui n’en n’avait pas. C’est donc l’expérience qui m’a révélé peut-être la place que ça devait tenir dans ma vie.

Donc pour vous, l’impact de l’expérience est plus important que l’impact éducationnel ?

Oui, parce que celle-là, elle existe bien-sûr : des parents qui sont des gens qui se comportent bien ; bon j’ai eu une éducation catholique, je dirais très classique, mais au delà de ça, il faut vraiment avoir fait l’expérience pour savoir ce qui est bien et ce qui n’est pas bien. Quand on est enfant, en général, on se comporte mal à certains moments, mais enfin en gros ça va : on est rarement un escroc. Et c’est donc plus tard qu’on est en contact avec ce qui a quelquefois d’un peu plus noir dans la vie. J’ai eu une enfance assez protégée, ensuite j’ai fait mes études, des études assez longues, donc c’est un milieu protecteur où finalement on a relativement peu de cas de conscience. Les cas de conscience, ils viennent après, j’allais dire. Non pas dans la vie réelle, ça ne veut pas dire grand chose la vie réelle par définition, mais dans des activités où les comportements sont peut-être moins guidés que plus jeune.

Entretien réalisé le 15 novembre 2007

 

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