François Chilowicz – caractères et vertus

Transcription de la vidéo

Quel est votre caractère éthique dominant dans votre vie professionnelle ?   

Alors moi c’est plus une problématique cérébrale : j’ai besoin de mériter le droit de filmer. Point, barre. Alors après ça passe par de la générosité ou pas, par de l’empathie ou pas… je trouve que l’empathie... Il y a une dose d’empathie qui est indispensable, qui est simplement humaine. Mon métier souvent repose sur beaucoup trop d’empathie, ça le rend complètement débile. Le nombre de documentaires ou je vois qu’on est complètement en empathie, on aime la souffrance des autres. Non, enfin non ! L’empathie c’est quasiment aimer la souffrance de l’autre, non, ou aimer l’autre dans sa souffrance, ou je ne sais pas quoi. Non, non, non, je trouve ça débile, c’est la télévision guimauve, quoi, non, non ! Donc oui, ça m’arrive d’en avoir une dose, ça m’arrive. Mais je pense que le problème… la seule qualité, - et qui m’est reprochée par les gens qui me font travailler -, c’est-à-dire les producteurs, les diffuseurs, que j’exige, c’est de mériter le droit de filmer et que ça prend du temps. Il faut qu’on se comprenne, que j’ai tout compris, que je sois légitime dans le sujet.

Pour moi, filmer, j’en ai fait un acte grave, pour qu’il soit de qualité. Si je dis que la caméra est aussi brutale qu’un flingue braqué sur quelqu’un, c’est une posture que je mets pour mettre une gravité dans le fait que je filme et donc qu’à un moment donné je puisse le mériter. Donc pour moi la seule éthique, la règle éthique, la qualité absolue c’est celle-là. Les autres suivent, au besoin.

Entretien réalisé le 20 janvier 2015

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