Claudie Haigneré – sensibilisation à l’éthique

Transcription de la vidéo

Est-ce qu’il y a eu des expériences déterminantes, dans votre vie, en matière de sensibilisation à la réflexion et à la pratique éthique ?

Je crois qu’il y a le moment de la profession qui pour moi était un engagement, parce que normalement cette profession de médecin je l’ai choisie et j’ai voulu l’exercer avec tout ce que ça impliquait de la relation à autrui, et pas seulement d’une connaissance. Donc ça c’était important. Et puis, c’est vrai qu’ensuite, en pratique, j’ai eu à l’exercer.

Un souvenir un peu plus particulier d’une expérimentation réalisée dans le domaine du spatial.: pour essayer de reproduire les effets de la microgravité, on a un modèle au sol qui est de mettre des gens dans un lit incliné à -6°, ce qu’on appelle le bed rest. 0n est allongé dans ce lit pendant une période longue. Et s’est posée la question de se dire : on fait quand même courir un risque à ces personnes qui vont tester pendant quelques semaines, quelques mois cette position. C’est vrai que certains avaient un traitement, d’autres n’avaient pas de traitement. C’est tout l’aspect des plateformes d’essais cliniques, et ça c’est vraiment des cas pratiques où l’on se dit : « Pour l’instant il n’y a pas encore de codes, on ne sait pas comment s’organiser, mais je ne peux pas prendre la responsabilité d’y aller sans que chacun soit conscient. » Donc moi, de ma part, c’était de la responsabilité, et pour ces sujets qui se prêtent à l’expérience, c’était la prise de conscience et l’information de façon à ce qu’ils puissent donner un consentement à le faire avec une conscience de ce qu’ils acceptaient. Donc ce consentement informé et éclairé, et c’est vrai que là, bien évidemment, on se dit : « Bon, il faut se retourner auprès de gens qui ont réfléchi, tous ces comités d’éthique qu’on a aujourd’hui dans le domaine de la bioéthique ou dans d’autres domaines. » Et c’est vrai que là j’ai été confrontée à une expérience pratique, qui m’a amenée à m’y impliquer. Puis ça s’est reproduit de nombreuses fois ensuite dans la vie. Mais c’est vrai qu’en tant que médecin, se dire qu’on détient une partie de la connaissance mais qu’on ne peut pas l’appliquer, la faire subir ou la proposer aux autres sans qu’il y ait un dialogue, vous amène obligatoirement à avoir cette réflexion éthique et un devoir de partage, et un devoir de parole comprise.

Entretien réalisé le 9 octobre 2008

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