Claudie Haigneré – éthique et maîtrise de soi

Transcription de la vidéo

Auriez-vous à l’esprit une expérience vécue, dans laquelle vous avez conscience d’avoir fait un travail de maîtrise de soi ?

Alors bien évidemment, il faut parfois restreindre un petit peu sa liberté quand on veut avoir un comportement dans ce sens-là. Moi je l’ai connu de façon très pratique. Par exemple, j’étais membre d’un équipage pour une mission spatiale. Un équipage avec des cosmonautes russes et généraux de l’armée de l’air, enfin des gens dont on pouvait imaginer qu’ils détenaient le savoir. Et puis je n’étais pas tout à fait d’accord avec eux dans un simulateur. Alors, il y a des règles à respecter qui sont des règles tacites parfois dans le respect. Ne pas penser qu’on peut affirmer qu’on a raison par rapport à quelqu’un qui est supposé avoir raison. Et ça c’est quelque chose d’un peu difficile à gérer, parce que ce n’est pas spontané : quand on a envie que tout se passe bien et que ça soit du 100%, on y va. Bon, quand vous êtes dans un simulateur, c’est quand même un petit espace de liberté où vous pouvez vous donner quelques marges par rapport…, et c’est vrai que ça m’est arrivé, à quelques reprises, de réfréner une façon de…, mais avec la certitude que j’avais raison, mais en me disant : « Je ne peux pas mettre l’autre dans une position qui le déstabilise, qui lui enlève un peu de dignité, qui lui enlève un petit peu de la force qu’il a par rapport aux autres qui l’ont placé à cet endroit-là. » Donc ça c’est tout, tout l’élément de sa propre vie dans le respect de la vie de l’autre et d’essayer de trouver un chemin commun où chacun est mis en valeur. Et c’est ce que j’essaie de faire. Alors parfois ça vient très très spontanément, d’autres fois il faut surveiller un petit peu son attitude.

Entretien réalisé le 9 octobre 2008

 

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