Anne Roumanoff – éthique et société

Transcription de la vidéo

Est-ce que vous pensez que l’état d’esprit de la société favorise les comportements éthiques ?

Je pense qu’en effet, avec la « déreligiation », enfin la baisse des valeurs religieuses, oui, il y a comme ça une perte totale des repères et de l’éthique. Après chacun se fabrique sa propre morale. Il y a un peu en ce moment un culte du plaisir individuel, de la consommation effrénée. Dans les magazines féminins on conseille pour aller mieux de s’occuper de soi, alors que je ne trouve pas que ce soit ça. En général, je trouve que si on veut aller mieux, il faut s’occuper des autres. En général, on vous dit : « Prenez un bain avec des bougies parfumées ! » Ça, je savais ! « Faites vous masser ! » Bon, je ne suis pas sûre. C’est un peu ça l’idéologie sous-jacente de tout ça. « Prenez du temps pour vous, cocoonez-vous, faites-vous plaisir, offrez-vous un plaisir ! » Il y a comme ça une notion de recherche du plaisir par la consommation. Eh non ! Je pense que le bonheur n’est pas dans l’avoir, il est dans l’être. Mais bon, ça c’est un peu l’idéologie dominante.

On le voit quand on discute avec des commerçants, des gens comme les médecins, des gens qui sont au contact avec le public, ou des maires, quand les gens vous disent : « On ne peut pas laisser des fleurs dehors, les gens les volent, les bacs à fleurs des villes. » Il y a quand même des choses, même dans des magasins où il y a des gens riches, des choses qui disparaissent, des vols comme ça, des gens dans les bibliothèques qui prennent des livres, qui ne les ramènent pas, qui dégradent le matériel public. Et dans tous les milieux ! Il y a une espèce de je-m’en-foutisme, de laisser-aller, chacun pour sa gueule. Quand il y a des grèves, il y a aussi un élan de solidarité, mais on voit comment les gens sont prêts à se piétiner pour rentrer chez eux. Il y a quand même une espèce de violence comme ça des rapports humains... On a l’impression que c’est la guerre, un peu.

Comment faudrait-il s’y prendre pour rendre notre société plus éthique ?

Je pense que ça doit passer par une prise de conscience des gens. Peut-être qu’il y aura genre la guerre salvatrice. Par exemple, les gens qui alertaient sur la planète encore il y a deux ans, on avait l’impression que c’était un combat vain, et là tout d’un coup, on ne sait pas pourquoi, tout le monde fait attention. La lumière est allumée à côté, les gens font attention. Il y a une espèce de sensibilisation des gens, il y a une prise de conscience collective. Je pense que c’est un éternel balancier, donc il faut peut-être aller dans certains excès pour revenir à…

Entretien réalisé le 21 décembre 2007

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