Anne Delbée – éthique au féminin

Transcription de la vidéo

Pensez-vous que les femmes ont quelque chose de particulier à apporter en matière d'éthique et si oui, bien sûr, quoi ?

C'est à cause de ma non réussite quelque part ou de la réussite des hommes à mes côtés… Je veux dire que c'était une époque où si les metteurs en scène étaient attirés par beaucoup de femmes directeurs de théâtre... Or je voyais leur impudence. Et ça m'a enlevé beaucoup de colère que j'aurais pu passer. Je voyais leurs caprices, leur arrogance. Et j'ai pris conscience peu à peu que ça ne valait pas le coup. Et je me suis rendue compte que les femmes, peut être à l'époque, elles ne réussissaient pas parce que quelque chose faisait que : "Non, ça ne vaut pas le coup, ça ne vaut pas le coup de se mettre en colère ! Non !" Elles étaient beaucoup plus simples sur des choses. C'est à dire là où je voyais des hommes s'étouffer parce qu'ils n'avaient pas la chaise qu'il fallait, je voyais une femme disant : « Bon, écoutez, je vais prendre l'autre chaise... » Enfin, des choses comme ça. Ou parce qu'ils n'étaient pas assez payés, etc. Et puis c'est vrai que quand j'ai eu Émilie, je me suis rendue compte qu'il y avait des choses qui avaient beaucoup plus de prix. Et là je me suis rendue compte que finalement, là où on disait que les femmes étaient victimes, c'est parce que les femmes étaient, absolument… étaient en train de réussir l'humanité contre vents et marées, de préserver l'humanité.

J'ai réfléchi et c'est pour moi... la femme qui est Andromaque – c'est pour cela que je me suis tant intéressée à Andromaque –, peu à peu je me suis dit : mais les femmes, dans leur chair, profondément, savent que le pouvoir est temporaire.

Entretien réalisé le 30 octobre 2007

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