Alain Cugno – éthique et vie professionnelle

Transcription de la vidéo

Quelles ont été les difficultés spécifiques d’ordre éthique liées à votre profession d’enseignant, de professeur de philosophie ?

La grande difficulté, l’unique difficulté que j’ai rencontrée dans mon métier de prof, c’est la partialité, vaincre la partialité. C’est-à-dire parvenir à traiter les copies que l’on me remettait et les oraux que j’entendais passer, prendre ces copies et ces prestations orales pour ce qu’elles étaient, et non pas comme le sentiment de sympathie que m’inspirait celui qui avait écrit ou celui qui parlait. Ça c’est extrêmement difficile. Je me retrouve en bonne compagnie, parce que si je me souviens bien, Paul Ricoeur disait qu’il avait dû transformer son invincible partialité en capacité à déployer de l’amitié. Donc ma vie professionnelle ça a été ça : comment transformer des mouvements de sympathie qui auraient été injustes en réelle amitié. Et ça a marché de temps en temps.

Comme vous y êtes-vous pris pour résoudre cette difficulté ?

La seule arme, c’est l’humour. C’est-à-dire d’arriver à dire à quelqu’un que ce qu’il a fait était très, très mauvais, tout en lui témoignant qu’on le tient en la plus haute estime et qu’il ne s’inquiète pas : il était très bien comme il était.

Entretien réalisé le 16 octobre 2007

 

 

Les commentaires sont fermés.